Bron

Brio-matrixfiche, 2018

Organisatie
Jaar
2018
Taal
FRA
matrix abc fiches

1. Etat du dossier

Malgré une baisse de la connaissance du néerlandais (lien avec Fiche1 et Fiche2), la part des familles où le néerlandais est la langue familiale (comme seule langue familiale ou combinée au français) diminue à peine, elle augmente même en chiffres absolus depuis 2000. Ce qui conduit inévitablement à la question traditionnelle : y a-t-il donc plus de ‘Flamands’ à Bruxelles?

2. L’importance de la langue familiale

Quelle que soit la composition de la population, les discussions sociales et politiques à propos de Bruxelles sont dominées par le double débat ‘Francophones’ par opposition aux ‘Flamands/Néerlandophones’. Ce n’est pas surprenant, étant donné que le modèle bruxellois est le résultat d’un processus d’institutionnalisation dont la base est constituée par les deux communautés traditionnelles, mais il n’existe par ailleurs pas de critères d’adhésion qui déterminent à laquelle des deux communautés ‘divisées’ appartiennent les Bruxellois. L’adhésion est généralement attribuée (ascribed identity) sur la base de critères qui peuvent  varier selon la position de celui qui détermine cette forme d’identité (pour les ‘Flamands’ allant de ‘Bruxellois pour lesquels le néerlandais est la seule langue familiale’ aux ‘usagers des institutions de la Communauté flamande’; et les Francophones à 100% moins la définition qui s’applique au ‘Flamand’ …). Il est rarement question de l’ ‘identité vécue’ (avouwed identity), où c’est l’individu lui-même qui la détermine. Cependant, la langue familiale joue un rôle dans les deux approches.

Langue familialeBL1BL2BL3BL4
Français51,8%56,6%32,4%52,2%
Néerlandais9,3%6,9%5,5%5,6%
Fr/Nl10,0%8,4%14,1%10,7%
Fr/Autres9,2%11,3%16,4%10,1%
Autres19,7%16,8%31,7%21,4%

Tableau 1. Langue familiale originale

La part des Bruxellois venant de familles unilingues néerlandophones diminue au cours de la période concernée, mais la baisse n’est pas importante depuis 2007. De même, la part des Bruxellois venant d’une famille traditionnellement bilingue fluctue, mais la part est finalement identique à celle de 2000. Néanmoins, le profil est nettement différent. Bien que la majorité des Bruxellois venant de familles unilingues néerlandophones est originaire de Flandre et que les bilingues traditionnels sont nés principalement à Bruxelles, le premier groupe est nettement plus jeune (de 56 ans en moyenne dans le BL1 à 46 ans dans le BL2) et le nombre de famille avec enfants a diminué de moitié au bénéfice de partenaires sans enfants et de personnes isolées. Si nous établissons un lien avec leur ‘identité vécue’, le nombre de Bruxellois qui se considèrent eux-mêmes comme Flamands est passé de 37,7% dans le BL1 à 17,7% et le nombre de ‘Néerlandophones’ est passé de 3,1% à 17,6%. Les bilingues traditionnels s’identifient à peine aux deux catégories. Les Bruxellois venant de familles unilingues néerlandophones se considèrent avant tout, par ordre d’importance, comme Belge, Bruxelloix et Européen. L’identification de ‘Flamand’ ou de ‘Néerlandophone’ joue encore un certain rôle dans le choix de ses représentants politiques. Une identification comme ‘Flamand’ mènera incontestablement au choix d’une liste néerlandophone. De même, ceux qui se considèrent comme ‘Néerlandophones’ voteront le plus souvent pour une liste de candidats néerlandophones.

3. Le néerlandais dans une perspective ‘bruxelloise’

Les Bruxellois venant de familles unilingues néerlandophones se tournent néanmoins plus souvent vers Bruxelles que par le passé. A la question de savoir où ils pensent habiter dans 5 ans, ils répondent à 90% ‘encore toujours à Bruxelles’, ce qui est le score le plus élevé de tous les groupes de langues familiales et nettement plus élevé que dans le BL3. Cette attitude se traduit aussi, par exemple, dans leur réaction lorsqu’ils s’adressent au fonctionnaire local en néerlandais et que celui-ci leur répond en français. Face à cette situation, près de 90% d’entre eux passent au français.

 BL1BL2BL4
Passer au français40,2%36,6%89,8%
Poursuivre en néerlandais6,7%8,6%0,7%
Autre réaction7,1%13,1%-
Ne s’applique pas46,0%41,7%9,5%

Tableau 2. Réaction du néerlandophone face à la réaction du fonctionnaire en français

Le tableau 2 montre également que cette réaction du fonctionnaire est de plus en plus fréquente, ce qui met en exergue le problème du bilinguisme des services prestés par l’administration bruxelloise.

Ils parlent également plus le français dans le contexte privé. Les personnes interrogées pour le BL4 réalisent le score le plus élevé de tous les moments d’enquête quant au choix d’un partenaire francophone (45,2%) et le moins élevé quant au choix d’un partenaire du même groupe de langue familiale (35,6%). Le tableau 3 résume l’emploi des langues avec le partenaire et avec le partenaire et les enfants.

 BL1BL2BL3BL4
Fr partenaire avec les parents49,8%48,8%36,8%53,4%
Fr avec partenaire55,2%54,6%38,1%63,0%
Fr avec les enfants66,4%59,1%34,5%67,8%
Nl partenaire avec les parents51,8%43,7%63,4%42,4%
Nl avec partenaire55,7%54,6%68,9%49,3%
Nl avec les enfants67,7%76,7%80,6%74,6%

Tableau 3. Processus de glissement linguistique des partenaires de Bruxellois venant de familles unilingues néerlandophones

Après une baisse (BL1 à BL3), on parle à nouveau davantage le français avec le/la partenaire et les enfants. Toutefois, on parle plus le néerlandais que le français avec les enfants. Cependant, le néerlandais comme langue familiale se perd dans un quart des familles.

Cela a-t-il du sens de scinder les Bruxellois en groupes de langues familiales? Evidemment, mais dans pas dans le but de diviser les Bruxellois en deux communautés linguistiques traditionnelles, plutôt parce que la langue familiale est prépondérante dans une perspective socio-linguistique dans la plupart des domaines linguistiques. Et dans ce domaine, les jeunes Bruxellois venant de familles unilingues néerlandophones ont une position différente face à la situation linguistique à Bruxelles par rapport au passé. Ils soutiennent avec plus de force l’idée d’un curriculum bilingue dans l’enseignement et soulignent que le bilinguisme est une spécificité essentielle de l’identité bruxelloise avec laquelle ils s’assimilent beaucoup plus fortement qu’avec l’identité flamande. La question est donc de savoir dans quelle mesure les comportements de déménagement jouent un rôle en la matière. Non seulement la génération la plus ancienne de Bruxellois venant de familles unilingues néerlandophones a vécu la genèse du modèle bruxellois et les tensions linguistiques inhérentes, la question consiste aussi à savoir si ceux qui ne se sentent pas à l’aise dans la réalité multilingue de Bruxelles n’ont pas déménagé en Flandre. Mais une autre attitude n’enlève absolument rien à leur présence.

Publicatie type
Cijfers
Categorie
Meertaligheid
Taal
Regio
Brussels Hoofdstedelijk Gewest
Share this